Cette histoire, autour de l'étude très contestable du Lancet, est hallucinante, et pourrait déboucher sur des conséquences majeures :
1. la presse scientifique et, plus spécifiquement, les revues à comité de lecture, sont-elles indépendantes des lobbys, groupes de pression et autres laboratoires pharmaceutiques ? On peut maintenant en douter, comme le signalent de nombreux articles, prises de position d'un nombre grandissant de médecins, voire de rédacteurs de ces revues, etc.
2. quel crédit accorder à des interdictions, même provisoires, fulminées quelques heures après la publication d'une telle étude et sans que les personnes qui les ont initiées aient eu seulement, à l'évidence, le temps de l'étudier posément ? En s'arc-boutant sur des querelles de personnes, en refusant un traitement simple et peu coûteux avec des arguments si peu valides, le gouvernement prend des risques. Le professeur Christian Perronne – infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches - pense ainsi que la politique gouvernementale pourrait être tenue pour « responsable d’un désastre évitable ».
Je vois dans cette situation une illustration supplémentaire du libéralisme mortifère que je dénonce depuis que j'ai une conscience politique, ce qui s'étale maintenant, je l'avoue, sur plus de 4 décennies.
Raoult, puisque vous en parlez André, a commis quelques erreurs (par exemple en minimisant un peu trop l'ampleur de l'épidémie à venir, avant qu'elle n'arrive vraiment en France et en délivrant une communication emprunte d'un ton parfois méprisant - même si ça tranche de façon réjouissante avec la langue de bois généralisée). Mais il a en sa faveur des arguments de poids :
a) il propose un traitement peu cher, qui ne lui rapporte rien, à lui ;
b) la courbe de l'épidémie répond parfaitement à ce qu'il en pensait voici deux mois : forme "en cloche", absence de rebond lors du déconfinement... ;
c) les pays qui ont adopté son traitement (Grèce, Maghreb, Portugal, par exemple) semblent avoir maitrisé leur taux de mortalité, là où la France a lamentablement échoué - même si, je le répète, on ne pourra tirer des bilans (sur ou sous-mortalité ?) qu'au fil des mois, les études statistiques à chaud étant percluses de biais, comme le site de l'INSEE l'explique bien ;
d) sa volonté de travailler en urgence, dans cette situation de crise, semble avoir été la bonne réponse. Les études pharmacologiques habituelles, si elles permettent de sécuriser l'emploi de médicaments en temps ordinaire, s'inscrivent dans une temporalité trop longue lors d'une épidémie. La preuve, la majorité d'entre elles ne vont délivrer leurs résultats qu'après la bataille - ou pas du tout ! Mais, dans l'intervalle, quid du sort des dizaines de milliers de malades qui n'auront pas pu bénéficier d'un traitement peut-être efficace ?
Le rôle d'un gouvernement et des institutions d'un pays comme le nôtre, est évidemment de protéger du mieux qu'il peut ses citoyens. N'assiste-t-on pas à l'inverse, au nom, peut-être, d'intérêts privés ?
Deux des innombrables articles sur la question :
https://www.parismatch.com/Actu/Sante/Coronavirus-L-etude-de-Lancet-sur-l-hydroxychloroquine-de-plus-en-plus-contestee-1687458https://www.parismatch.com/Actu/Sante/L-hydroxychloroquine-Victime-d-un-complot-1687305On peut aussi utiliser #lancetgate