Si j'ai bien suivi, une réunion aura lieu samedi, à Ifs, dans le cadre du Grand débat national, consacré à la fiscalité. J'élargis ce thème à l'économie en général, et plus spécifiquement à une réflexion sur le travail, dans la mesure où il me semble que tout est lié. Comme je ne suis pas sûr d'y aller, je vous livre mes réflexions ici, qui reprennent en les complétant et les synthétisant mes différents messages plus haut dans ce fil. Si plusieurs dizaines de personnes lisent ces messages, c'est peut-être aussi efficace que de les dire, en les résumant nécessairement, devant 40 pékins.
• Je pars d'un constat : le plein-emploi n'existe pas, n'a jamais existé. Devrions-nous donc nous résoudre à voir une part non négligeable de nos concitoyens, et d'autres citoyens du monde, vivre dans la misère, parce qu'ils n'ont pas de travail ? La mécanisation et l'automatisation d'un nombre sans cesse croissant de tâches conduit à douter d'un quelconque renversement de tendance. Des milliers (millions ?) d'emplois vont disparaitre, dans tous les domaines, comme ce fut le cas avec la mécanisation de l'agriculture. (cf J. Rifkin "La fin du travail").
• Il me semble donc urgent de dissocier les revenus, d'une part, et le travail, de l'autre. C'est le premier aspect, pratico-pratique.
• Et, d'autre part, sur un plan plus théorique et dans la veine qui a conduit nos ancêtres à reconnaitre qu'on ne peut pas travailler en permanence, et qui les a amenés à lutter pour faire baisser le nombre d'heures au travail, à instituer les congés payés, les pensions de retraite, les congés maladie et maternité, il me semble fondamental de considérer que c'est notre statut d'êtres humains, et pas celui de travailleurs-travailleuses, qui doit nous ouvrir le droit de vivre dignement. C'est en cela que nous pourrions nous enorgueillir de mettre en place une économie qui serait vraiment au service de l'Homme, et non l'inverse, comme c'est majoritairement le cas actuellement.
• Ceci suppose de donner de l'argent SANS CONTREPARTIE aux plus pauvres. Par exemple, en limitant les revenus et en taxant les plus riches. Des expériences multiples montrent que donner de l'argent sans contrepartie est son seulement noble, mais EFFICACE, du point de vue de la réduction des dépenses publiques, comme on peut le lire dans l'ouvrage de R. Bregman "Utopies réalistes". Quelques exemples de ces expériences sont disponibles ici :
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/donner-de-l-argent-sans-197525 Quels bénéfices ?1. Permettre à chacune et chacun de vivre dignement ;
2. En finir avec le chantage au chômage, au niveau individuel ("Si t'es pas content, 20 personnes attendent ton poste"), comme collectif ("Si les collectivités nous taxent trop/ne construisent pas de route pour nous desservir/etc., notre entreprise ira créer des emplois ailleurs") ;
3. Faire en sorte que le travail cesse d'être sa propre justification, ce qui conduit à maintenir des emplois inutiles et pénibles (manutentionnaires, caissières, ...) ou servant des causes indéfendables : produire et vendre des armes, des mines antipersonnel, des cigarettes, des pesticides, etc. ;
4. Produire moins, de façon globale, pour favoriser une certaine décroissance et limiter l'impact des activités humaines sur l'environnement ;
5. Limiter la nécessité du travail humain aux tâches vraiment indispensables, nobles et difficilement automatisables : culture, art, enseignement, médecine, service aux plus faibles... ;
6. En conséquence, réduire la masse horaire nécessaire et, donc, réduire, pour tous, le temps de présence au travail ;
7. Permettre à tous d'avoir plus de temps pour se consacrer aux activités fondamentales des humains, celles qui sont source de plaisir et, qui sait ? peuvent mener au bonheur : relations humaines, culture, loisirs,...